Publication de trucs de magie
L’inflation est à la mode et comme de juste, elle a gagné le monde magique, principalement dans les régions de langues anglaise et allemande.
Des morceaux de littérature se suivent sans interruption, mais toutes ces nouveautés sont loin d’être sans défauts et il faut une recherche sérieuse pour découvrir celles qui ont gardé les traditions fondamentales, les principes de correction qui font le charme et l’élégance de cet art qu’est la magie.
Nous avons sous les yeux une collection de publications, périodiques magiques et catalogues « up to date » et nous constatons avec peine qu’ils se disputent la palme du mauvais goût et de la banalité.
Voilà un périodique anglais de magie qui lance cette nouveauté
Un piège à rat
Un morceau de fromage placé dans un piège à rats disparaît pour réapparaitre sous une cloche à fromage. Sans inquiétude, nous sommes en droit de nous demander quel objet pourra bien choisir un artiste, dans dix ans d’ici, pour émerveiller et charmer son public. Si nous en sommes déjà au Monsieur qui, en habit impeccable, se présente en scène tenant d’une main une ratière, de l’autre un morceau de fromage. Comme élégance et bon goût, c’est une vraie trouvaille.
L’hypnose et une boite
Ici un catalogue allemand nous régale de cette énormité : « Maintenant on hypnotise la boite d’allumettes ». Si un homme du métier s’exprime en termes aussi confus envers les gens du métier que faudra-t-il que ces derniers disent au public pour présenter cette expérience. Que l’opérateur fasse des passes soi-disant magnétiques sur un objet quelconque.
Rien à dire, c’est une des simagrées de la magie amusante, mais qu’il entreprenne d’expliquer au public qu’il hypnotise un objet inanimé. Voilà où serait le défaut, car c’est lui qui passerait pour un naïf ou, ce qui serait plus grave, il semblerait prendre les spectateurs pour des ignorants.
Des effets de magie
Nous savons que le principal attrait de la magie amusante est de paraître le plus vraisemblable possible, donc l’artiste qui est dénué de logique n’est pas qualifié pour être prestidigitateur.
Dans ce même catalogue, nous trouvons encore ces titres d’expériences :
- La roue des Dieux
- La carte diabolique
- La poste infernale
et nombreuses sont les firmes qui se complaisent dans ces titres désuets dignes des faiseurs de tours du moyen âge.
La magie en Amérique
Soigner ces expressions sur le effets
En Amérique, un club d’amateurs de la Reine des Arts s’intitule : « The Demons Club ». Je me demande ce que le bon Dieu ou les Diables ont à faire dans un Art dont le seul but est d’amuser le public.
Ces expressions nous ramènent à l’enfance de la magie, il faut donc éviter, si l’on veut se maintenir dans la voie du progrès, de revenir en arrière.
Soigner son image
L’artiste, digne de ce nom, est comme un diapason. Il donne le ton aux amateurs, aux professionnels même, qui viennent le voir opérer. Si la note qu’il donne est juste, il y a des chances pour qu’elle soit correctement répétée, mais s’il donne un ton faux, désastreux seront les effets, il aura semé plus de mauvais grain que de bon.
Deux exemples
Nous avons vu à Nice un Fakir de Calcutta. Cet Hindou ( ?) fait son entrée vêtu d’une robe de chambre européenne, ridicule. Il se débarrasse de cette robe et paraît alors en une sorte de costume de bain, car il doit opérer presque nu. Par la suite, on le voit tout à fait vêtu, non d’une riche robe hindoue, comme le bon sens le demanderait, mais d’un pyjama ordinaire aussi solide, ma foi, d’apparence, que la conférence « scientifique » que récite son « manager » au commencement de la séance.
Notre Fakir se promène dans la salle en ce vêtement de nuit, les cheveux dressés en auréole, retenus par un riche diadème composé de plus de cent véritables « simili » diamants. Et voilà un des Robert Houdin modernes que consacre la vogue actuelle !
Parler de ses productions de magie nous mènerait trop loin, illogismes d’un bout à l’autre. Il hypnotise trois compères, après leur avoir bandé les yeux, et toutes ses expériences se succèdent sans esprit de suite, sans apparence de raison.